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Activités internationales: 24 avril 2006

Mémorial du camp de Neuengamme – Allemagne

Lettre de bienvenue de Max Liebster

En tant qu’ancien prisonnier du camp de concentration de Neuengamme, je me sens honoré de vous faire parvenir ces mots de salutations.

J’aurais bien sûr préféré venir en personne, mais le voyage depuis le sud de la France est trop fatiguant pour l’homme de 91 ans que je suis. 

Je tiens à remercier M. Garbe, directeur du Mémorial, la ville de Hambourg et l’Amicale internationale du camp de concentration de Neuengamme qui ont donné leur accord pour la pose de la plaque ; et aussi, tout spécialement, ceux qui nous ont aidés et soutenus bénévolement, la communauté religieuse des Témoins de Jéhovah ainsi que le directeur des archives historiques, M. Wrobel, qui ont tous contribué à rendre possible l’inauguration d’aujourd’hui.

Je fus transféré de Sachsenhausen à Neuengamme en 1941, avec un groupe de prisonniers juifs. A notre arrivée, le commandant du camp hurla: « Flanquez-les avec les Etudiants de la Bible, ils ont le même Dieu ! »

La baraque, un bloc disciplinaire, était d’une propreté étincelante, et c’est là que je me suis retrouvé avec des « Etudiants de la Bible », comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah. Ils étaient très unis. En raison de leur fidélité à leur foi et leur refus de toute compromission, ils étaient haïs, harcelés et victimes d’innombrables brutalités. Ils se montraient d’une fermeté sans faille en refusant, pour motif de conscience, de participer aux travaux liés à l’effort de guerre.

Secoués en tous sens sur cet océan d’abominations, ils luttaient chaque jour pour se conformer aux principes divins, pour conserver l’amour du prochain et défendre une éthique humaniste. Et ils partageaient avec d’autres leurs connaissances bibliques et leur espérance en dépit de terribles menaces.
Leur force de conviction soutint mon cœur défaillant. Ils furent mon rayon d’espoir le long d’un chemin de douleur qui me mènera à Auschwitz, Buna et Buchenwald.

Nul n’a le droit d’oublier ce massacre de plusieurs millions d’innocents dont font partie ces « Etudiants de la Bible », ces Témoins de Jéhovah. Leur histoire montre clairement que l’amour peut venir à bout de la haine.

Que d’autres puissent trouver du courage dans la certitude que l’espérance peut vaincre le désespoir !